La peur collective qui s’est réveillée lors du confinement dû au COVID-19 est légitime. Ces peurs collectives nous poussent à nous adapter et à nous protéger.
De tout temps l’être humain a dû s’adapter à son environnement et a dû mettre en place une nouvelle façon de vivre à la suite des changements humains, climatiques et/ou environnementaux.
Définition de la peur
Voici la définition de Eric Ruffiat, (psychanalyste, fondateur de la Fédération Freudienne de Psychanalyse) :
Émotion relative à une forte crainte, à une inquiétude extrême éprouvée en présence ou à l’évocation mentale d’un danger. L’emploi de ce terme semble justifié lorsqu’un élément inattendu survient, perturbant la quiétude mentale d’un individu.
Eric Ruffiat
En psychanalyse on traite souvent de la peur qui est sans « objet », ou irrationnelle, ce que nous appelons : névrose d’angoisse. Malheureusement, cette peur ressentie face à ce virus, COVID-19, est bien réelle. Elle représente un danger autant sanitaire qu’économique. Suivant notre structure psychique nous pouvons plus ou moins bien vivre cette situation.
Pourquoi avons nous peur ?
Elle suscite en nous une émotion primaire, archaïque, de survie de l’espèce. Notre vie est en danger. Cette peur nous amène à nous poser la question de la mort. D’habitude nos journées, nos semaines, nos mois se déroulent sans que nous soyons réellement confronté à notre propre mort.
En effet, la propagation de ce virus, qui est à ce jour sans antidote, nous rappelle que nous ne sommes pas éternels et nous renvoie donc à la pulsion de mort (Tanathos).
Au-delà de la peur de la maladie (contagion, mort), il existe aussi cette peur économique qui, elle aussi, est bien réelle.
Cela génère en nous énormément d’angoisses et réactive nos « boutons » d’insécurités.
Mais, cette peur naturelle et légitime, va réveiller notre instinct de survie. Elle va nous permettre de mettre tout en place afin de nous sécuriser et de nous adapter.
Elle nous prévient du danger
Conséquences
Comme nous l’avons vu dans des précédents articles, l’être humain est effrayé par tout ce qui est nouveau. Il préfère continuer dans des situations qui lui font mal ou qui lui sont inconfortables par peur du renouveau (compulsion de répétition). Or dans la situation actuelle, nous sommes « forcés » de modifier certaines de nos habitudes, et c’est dans cette capacité d’adaptation que va résider notre survie.
La situation est telle qu’elle est, ne luttez pas, acceptez là, c’est le principe de réalité. En effet, il n’y a aucun sentiment d’injustice à ressentir puisque nous sommes tous dans la même situation.
Ce confinement va nous amener à revoir notre mode de vie, notre vision de la famille, du travail, de notre consommation. Tout ce qui faisait nos loisirs va être réduit voire stoppé, nos priorités vont changer. C’est peut être le moment d’envisager de voir et de vivre les choses autrement.
Avec ce confinement où les contacts sont limités, cela crée un grand vide. Une patiente me disait : « ça me fait peur, les rues ressemblent à un dimanche ».
Effectivement, ce vide nous fait peur, nous n’y sommes pas habitués. Nous vivons dans un monde où il faut combler jusqu’à saturation. Alors profitez de ce vide pour justement vider vos placards d’affaires inutiles, faire développer vos photos, regarder les séries que vous n’avez jamais le temps de regarder habituellement et tout ce qui vous fera plaisir.
Car l’une des clefs majeures pour appréhender cette peur, ça va être d’accepter la situation et de vous écouter.
L’être humain n’est pas fait pour être enfermé, vous allez peut-être avoir des émotions ou des comportements exacerbés. C’est normal !
Comment dépasser votre peur ?
Si vous êtes seul, à deux, ou en famille, vos limites vont vite être dépassées. Donc, acceptez que votre seuil de tolérance soit vite atteint, ou que vous soyez plus dans l’émotion.
Si vous sentez que vos émotions commencent à vous dépasser n’hésitez pas à en parler ou à prendre rendez-vous pour une consultation en ligne. On ne sait pas encore combien de temps le confinement va durer, il faut donc se préparer à être endurant « psychologiquement ».
Votre corps peut déclencher des symptômes, comme des maux de tête, ou maux de ventre. Le corps va aussi « vivre » ce confinement, il ressent que des choses changent il va vouloir lutter à sa façon et somatiser.
Enfin, pour dépasser ce quotidien un peu morose, il est important de continuer à se rassurer avec nos gestes simples routiniers. Même si pour certains la routine est « mortelle » je vous garantis qu’elle peut rassurer dans des moments de doute comme celui que nous vivons en ce moment.
Par exemple essayez de garder le même rythme de sommeil (coucher / lever) pour les enfants, de continuer à vous maquiller, vous apprêter, faire de l’exercice etc … Et surtout maintenez le lien familial et social.
Pour résumer, gardez vos habitudes réconfortantes, c’est une façon saine et fonctionnelle de faire face à la situation. Gardez ce qui vous fait plaisir.
Je vous rappelle bien entendu les gestes simples à faire quotidiennement pour lutter contre le COVID 19.
C’est en suivant les consignes données par le gouvernement, et en acceptant la situation de confinement et en s’adaptant que nous dépasserons ce virus.
Je vous envoie beaucoup de courage
Une pensée aux personnes seules, hospitalisées et au personnel soignant.
Prenez soin de vous, et des autres : restez chez vous