Ne trouvez-vous pas que nous sommes fort mal à l’aise lorsque quelqu’un parle ouvertement de sexualité ? or cela est assez paradoxal dans une société où l’on ne compte plus les panneaux publicitaires à connotation sexuelle et les émissions télévisées qui ne cessent de faire allusion au sexe.
Et il est d’autant plus « gênant » de parler sexualité avec nos ados. On se retrouve face à notre enfant, qui par ces changements corporels, est prêt à entrer dans le monde de la sexualité partagée. Ce qui peut être déstabilisant en tant que parents. Mais il est nécessaire de dépasser cette gêne et de leur parler.
Comment les accompagner au mieux ?
Ne pas forcement être intrusif en leur parlant de leur sexualité mais de la sexualité en général. Nous pouvons amorcer le sujet par la protection par exemple, comme la contraception etc…
Il faut respecter notre enfant et ne surtout pas envahir son monde qui est déjà tout nouveau pour lui et compliqué parfois à appréhender. Cette discussion est souvent anxiogène et les parents ont peur d’être maladroits et donc n’en parlent pas du tout.
Une fausse croyance voudrait nous faire croire que nos ados sont plus avancés que les générations précédentes, or il n’en est rien. Ce n’est pas parce qu’ils ont accès plus facilement à la pornographie qu’ils sont « experts » dans ce domaine.
D’après une étude réalisée (*), l’amour prime avant tout pour les ados. 70% des jeunes de 3ème ont déjà embrassé une fois. 80% d’entre eux ont été amoureux sans avoir eu un rapport sexuel. Ces chiffres démontrent bien que malgré leur exposition à la pornographie, ils restent sur la valeur de l’amour.
Toujours d’après la même étude, l’âge moyen du premier rapport sexuel n’a pas changé, c’est toujours 17,3 ans.
Cependant les ados actuels explorent plus leur corps, les préliminaires sont plus présents et rituels. Auparavant c’était l’acte sexuel direct qui était pratiqué, surement par manque d’éducation sexuelle.
La pornographie
Au sujet de la pornographie, certes il existe une baisse de vigilance et de contrôle des parents, mais c’est surtout la technologie qui est devenue incontrôlable et son environnement numérique.
L’âge moyen du premier visionnage d’un film pornographique est de 14,5 ans. Ce visionnage se pratique le plus souvent avec un groupe. Les ados se construisent également sous l’effet de groupe.
Certes, l’image de la fellation dans les toilettes du collège a tout de même marqué les consciences, mais il ne faudrait pas en faire une généralité. Souvent les 10-16 ans ont un vocabulaire sous l’influence de la « grammaire » pornographique mais ça s’arrête là.
Pour limiter l’influence du porno, les adolescents attendent qu’on les rassure. Souvent, l’imaginaire prend le pas sur la réalité. Pour parler de sexualité, écoutons déjà ce qu’ils imaginent. Cela nous permet de nous positionner et de vérifier leur niveau de connaissance.
« Avant de se positionner comme l’adulte qui sait, écoutons déjà ce que l’ado imagine »
Samuel Comblez, psychologue et psychothérapeute
Autre point qu’il est important aussi de comprendre, est que l’essentiel et gage de bien-être pour notre ado, c’est qu’il ait une sexualité, qu’elle soit hétérosexuelle, homosexuelle ou dans l’auto-érotisme.
La libido démontre que l’Etre est vivant, elle émane de la pulsion de vie. On le voit bien, les personnes atteintes de dépression perdent leur libido. C’est le désir de la vie qui n’est plus là. Donc tant qu’il y a de la libido, il y a de la vie !
Concernant l’orientation sexuelle, elle n’est jamais figée pendant l’adolescence. Cela prend du temps pour se découvrir et faire ses propres expériences.
Enfin dernier conseil, surtout n’infligez pas à votre ado votre propre expérience sexuelle actuelle ! Votre ado reste votre enfant, il y a des frontières à ne pas dépasser surtout concernant l’intimité. Cela ne lui apportera rien et ce n’est pas ce qu’il demande.
Merci pour votre confiance et prenez soin de vous … et de vos ados !
LYDIE GRAL
* Données issues de « Génération YouPorn : un mythe ou réalité. Enquête sur l’influence des nouvelles technologies sur les comportements sexuels des jeunes ».
Ifop, octobre 2013